CONJONCTURE ECONOMIQUE ET FINANCIERE
La Chine fait trembler les marchés
Les marchés actions mondiaux ont plongé en août. Les craintes de ralentissement de l’économie mondiale induites par les difficultés conjoncturelles de la Chine ont en effet donné lieu à une correction majeure des actions chinoises et fait souffler un vent de panique sur tous les autres marchés financiers, dans un contexte d’incertitudes autour du calendrier des relèvements de taux d’intérêt américains. La baisse a été emmenée par les actions mondiales, les matières premières et les monnaies émergentes, les investisseurs cherchant refuge dans les obligations d’Etat et les devises des économies développées.
La décision surprise de Pékin de dévaluer le renminbi le 11 août dernier a entraîné des dégagements massifs des actions chinoises, encore amplifiés par la publication de faibles statistiques économiques laissant craindre une aggravation du ralentissement conjoncturel de la Chine. L’indice de référence chinois a enregistré sa plus forte baisse journalière depuis 2007, clôturant en repli de 8,5% le 24 août dernier. Le sentiment négatif s’est propagé aux marchés mondiaux, générant une importante volatilité.
Le 26 août, la Banque populaire de Chine a tenté d’amortir la chute des bourses et de relancer son économie fléchissante en abaissant ses taux d’intérêt de référence et en réduisant le taux de réserves obligatoires des banques. Les marchés actions ont cédé entre 10% dans les économies développées et 20% dans les pays émergents, effaçant toutefois près d’un tiers de leurs pertes en fin de mois. Les monnaies et les marchés obligataires émergents ont également accusé des baisses sensibles. Les pays dont les économies sont fortement axées sur les exportations de matières premières, tels que la Russie, ont particulièrement souffert, les cours du pétrole et des métaux se maintenant à des plus bas sur plusieurs années.
L’épisode estival sème désormais le doute quant au timing d’une remontée des taux. En la matière, la présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen n’a jamais été très disserte, s’appliquant à entretenir le plus grand mystère autour de cette opération. Du reste, au début de l’été, les spéculations allaient bon train sur un début de resserrement à l’occasion de la réunion de l’instance, mercredi et jeudi prochains. En théorie et d’un point de vue strictement domestique, les fondamentaux américains plaident aujourd’hui pour une normalisation. Dans la pratique, le choc financier qui frappe les émergents entrave ce scénario. Une remontée effective des taux impacterait en premier lieu ces économies ce qui aurait alors une incidence beaucoup plus réelle sur la croissance mondiale. Comme nous l’imaginions, la réunion tant attendue de la semaine dernière s’est soldée par un statu-quo de l’autorité monétaire. Une perspective qui devrait reporter à décembre le passage à l’acte de la Fed.